La Régie incendie des Monts a conclu une entente avec la SOPFEU afin de lui fournir des pompiers pour l’aider à combattre les feux de forêt.
Chaque année, la SOPFEU conclut des partenariats avec différents organismes, signale son directeur de la stratégie opérationnelle, Serge St-Laurent. Elle dispose de 27 ententes avec des groupes variés (corporations forestières, communautés autochtones, entreprises, associations) pour un total de 540 combattants auxiliaires. Ce qui est nouveau, c’est d’avoir signé pour la toute première fois une entente avec une régie intermunicipale.
Historique de l’entente
Avec quatre casernes, six municipalités et une population de 21 288 habitants sur un vaste territoire, la Régie incendie des Monts dispose d’environ 90 pompiers. Son directeur, Sébastien Lajoie, affirme que son passé d’entrepreneur forestier n’est jamais bien loin... « Ayant surtout travaillé en région, j’ai toujours été près de la forêt. C’est un milieu que j’affectionne et je veux protéger. » Même son Service de sécurité incendie (SSI) a pris un virage qui se rapproche beaucoup des techniques de la SOPFEU.
C’est lui qui a abordé Maxime Chénier, agent de protection aux opérations terrestres à la base principale de Maniwaki. Un appel à la CNESST lui a appris qu’en tant que SSI, il n’a pas besoin de licence d’agence de placement, comme c’est habituellement le cas pour fournir des combattants forestiers. Pour la Régie et la SOPFEU, c’est un atout parce qu’elles n’auront pas à absorber ces frais.
Une première expérience concluante
Pour cette première mouture, M. Lajoie a fourni 10 pompiers qui ont tous complété une formation de 32h portant notamment sur les techniques de travail et l’approche des avions ainsi que des hélicoptères. De ces 10 pompiers, neuf sont restés. « Nos pompiers aiment aller aux feux, commente le directeur incendie, mais ils ne sont pas habitués à manipuler des scies mécaniques et à abattre des arbres; il faudra leur offrir plus de formation sur ce point. »
« Avant, les combattants auxiliaires de la SOPFEU étaient presque tous des travailleurs forestiers, rapporte Serge St-Laurent. Aujourd’hui, ces travailleurs ne représentent que de 35 à 40 % de nos effectifs. » La foresterie a longtemps été ciblée pour l’aisance en forêt de ses employés, mais il est difficile de recruter dans ce bassin, puisque de moins en moins d’étudiants s’inscrivent aux programmes. »
Au début, la SOPFEU misait sur des combattants occasionnels engagés de façon ponctuelle, expose Ken Bérubé, directeur de la base de Maniwaki. Ensuite on a commencé à s’entendre avec des corporations. La problématique c’était la disponibilité des ressources, parce qu’il y avait un bon roulement d’année en année. Nous avons commencé à nous attarder aux problématiques de relève et sommes à réévaluer notre modèle d’affaires pour conclure des ententes à plus petite échelle. Avec la régie, il y a une belle opportunité à explorer.
De plus en plus de régies incendie commencent à se développer, observe M. Bérubé et si ce ne sont pas des régies, ce sont des regroupements de municipalités. Quand Sébastien Lajoie nous a contactés, on y a vu une occasion de tester notre projet.
De nombreux avantages
Nous avions une certaine préoccupation à travailler avec des pompiers urbains, admet Ken Bérubé, compte tenu des compétences nécessaires pour le travail en forêt. Parmi les recrues, on retrouve des jeunes qui sortent de l’école, mais il y a également des gens de niveau officier. « On voit déjà en eux une capacité de leadership et des modèles à suivre. Ils sont très ferrés en matière de sécurité et ont évidemment une excellente base en pyrologie. »
Au-delà de l’aspect forestier, les dirigeants de la SOPFEU ont aimé la rigueur des pompiers. « C’est facilitant pour des gestionnaires de travailler avec les gens qui ont cette rigueur. C’est encore plus intéressant dans ces circonstances de la COVID-19 parce qu’ils connaissent les protocoles et respectent les procédures. »
On a été excessivement occupé depuis le début de l’année, enchaîne M. Bérubé. « Malgré l’interdiction des feux à ciel ouvert décrétée en début de saison, on dénombrait plus d’incendies de forêt à la fin mai que dans la totalité de l’année 2019 ». Dans ces conditions, les combattants de la Régie des Monts ont cumulé plus de 1000 heures de travail en moins de 10 jours sur une douzaine d’incendies.
Attraction de la main-d’œuvre
« On avait fourni beaucoup de monde, l’an passé avec les inondations, explique Sébastien Lajoie. En tant que regroupement, j’ai beaucoup de personnel. Il m’est donc plus facile de libérer des gens pour aider ailleurs. Je suis persuadé que ce partenariat avec la SOPFEU nous permettra d’attirer encore plus de main-d’œuvre. »
Est-ce que d’autres municipalités pourraient imiter ce modèle? « Oui ! », estime sans l’ombre d’un doute le directeur de la Régie des Monts. « Nous souhaitons montrer aux Services de sécurité incendie que cette avenue est possible et qu’elle peut même devenir un atout sur le plan du recrutement. » Ce dernier compte d’ailleurs augmenter son bassin de combattants forestiers à 20, dès l’an prochain.
La SOPFEU y trouve aussi son compte, assure Serge St-Laurent : « J’aime beaucoup ce type de partenariat, car il nous permet d’augmenter notre bassin de main-d’œuvre avec des travailleurs de qualité.